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L'esclavage est devenu un thème « très à la mode » : tant de souffrances et d'injustices au service d'une économie impitoyable, pour alimenter des métropoles volontiers aveugles et sourdes. L'odieux système oblige à un effort de mémoire. Mais, bien plus, le devoir de vérité impose aux historiens de ne négliger aucune piste, d'utiliser tous les outils, de mettre en commun leurs recherches pour apporter leur fragment de vérité. Cela implique de parler franc sans s'arrêter aux états d'âme actuels, de parler cru, de parler avec des chiffres, des mesures, des évaluations, des comparaisons. La lumière est à ce prix. Voici longtemps, dans le sillage de Gabriel Debien, Pierre Pluchon avait entrepris, entre autres études coloniales, de se saisir des tenants et aboutissants de « cette absence de sens moral ». Sa bibliographie montre qu'il a abordé tous les sujets sans tabous, tous les domaines fussent-ils mineurs avec la volonté de comprendre. Son Histoire de la colonisation française ne laisse pas de place à la négligence. Pour lui rendre hommage, plusieurs chercheurs ont accepté de s'associer. Les champs abordés montrent la complexité de la question des esclaves et de la plantation. L'esclavage, comme élément moteur de la plantation, permet d'appréhender le milieu où évolue l'esclave, les moyens de se procurer la main d'œuvre servile, de l'utiliser dans le cadre d'une division du travail industrielle, de lui donner une origine, un genre. Progressivement, « une puissante préoccupation de l'homme se déploie, impatiente d'accomplir les profondes et justes réformes ». La noble conviction ne doit pas occulter les craquelures d'un système vacillant. Le long chemin de l'abolition est jalonné de doutes, de craintes et de nécessités. La généreuse croyance se fraie un passage parmi des considérations très matérielles et très partisanes. |
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