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En 1954, Djibo Bakary, un activiste nationaliste de gauche nigérien fonda l’Union Démocratique Nigérienne (UDN), un parti politique qui visait non seulement à combattre la domination coloniale, mais aussi à réaliser une transformation large de la société nigérienne. Le parti fut salué par le cri de ralliement « Sawaba », un terme haoussa qui indique le soulagement par rapport à l’adversité et un retour au calme et à la sérénité soulignant l’aspiration des Nigériens à être délivrés de la pauvreté et de l’oppression coloniale sous toutes ses formes. Le Sawaba, dont le noyau était constitué d’un « petit peuple » de ruraux ayant migré en ville, remporta les premières élections générales au suffrage universel du Niger en 1957 et forma le tout premier gouvernement autonome du pays, sous suzeraineté française. En 1958, le mouvement eut maille à partir avec le pouvoir gaulliste de France préférant l’indépendance immédiate à une nouvelle forme d’autonomie et appelant à rejeter la constitution de la Ve République. Les Français, compte tenu la situation stratégique du Niger, réagirent de manière implacable. En violation flagrante de la constitution, un nouveau gouverneur émascula le gouvernement Bakary. La campagne du Sawaba fut contrecarrée. Le parti, interdit, devint une organisation militaire menant la guérilla. Cependant, la guérilla du Sawaba (1960-1966), soutenue par des régimes gauchistes étrangers, aboutit à un échec entraînant la destruction définitive du mouvement. Le récit des luttes du Sawaba n’est pas dénué d’ambigüité, ce qui renvoie au caractère hybride du mouvement et aux métamorphoses vécues au long de son existence. Les sawabistes se montrèrent un mélange singulier d’activistes politiques et de combattants qui, au lieu de faire violence à la population, s’engagèrent dans la bataille comme les agitateurs de rue qu’ils furent jadis – certes armés, mais avec l’espoir de plaire à l’électeur et d’entraîner une fin instantanée aux souffrances du peuple. Millénariste plutôt que militariste, cette mentalité donne la clef de la tragédie de leur défaite. |
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